Dès ses débuts, alors qu’il est en plein d’apprentissage de l’art horloger en France, le jeune Abraham-Louis Breguet (1747-1823) se fait remarquer par ses aptitudes mécaniques, son érudition précoce et son intelligence rare. Une fois installé en 1775 dans un atelier quai de l’Horloge, à Paris, ses inventions techniques et son langage esthétique lui permettent rapidement de se forger une solide réputation et ainsi de développer une clientèle prestigieuse tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Hexagone.
Parmi les personnalités illustres qui achètent les œuvres d’Abraham-Louis Breguet, des femmes célèbres sont séduites par les instruments qu’il développe: la reine Marie-Antoinette (1755-1793), épouse de Louis XVI (1754-1793), l’impératrice Joséphine (1763-1814) puis sa fille Hortense (1783-1837) et sa belle-soeur Caroline Murat (1782-1839), sœur cadette de Napoléon Ier (1769-1821). Pour cette dernière et à sa demande, le maître-horloger invente la première montre-bracelet qu’il livre en 1812 et dont les atours principaux inspirent la collection Reine de Naples près de deux siècles plus tard. Cette famille de garde-temps dont la personnalité est si puissante que chaque modèle est parfaitement identifiable, notamment grâce à son boîtier ovale, n’est toutefois pas la seule à rendre hommage au lien fort qui unissait Abraham-Louis Breguet à ses clientes. En effet, bien que la tendance soit à la suppression des catégories basées sur le genre, on retrouve dans l’offre de la marque éponyme certaines pièces – toujours mécaniques, souvent gansées de pierres précieuses et parfois pourvues de complications – aux dimensions contenues clairement destinées aux poignets féminins. Les références Classique 9085, 8068, 9087, 9067, Marine 9509, 9517, 9518, ou encore 7035, 7038 de la famille Tradition, ou, plus exceptionnellement, les extraordinaires Les Volants de la Reine, L’Orangerie, entres autres, sont la preuve de cet attachement.