Lui, brillant horloger, sans nul doute le plus grand maître qu’ait connu la mesure scientifique du temps, est né à Neuchâtel, en Suisse, où sa curiosité pour la mécanique le mène à poursuivre sa formation au métier à Paris, qu’il exerce, tel un art sacré, dans son atelier installé quai de l’Horloge, sur l’île de la Cité, depuis 1775, lieu qui témoigne de ses nombreuses inventions, tant techniques qu’esthétiques.
Elle, sœur cadette du premier empereur des Français, originaire d’Ajaccio, en Corse, mariée à un haut dignitaire de l’armée qui hérite du royaume de Naples, est sa plus fervente admiratrice, comme le prouvent les 34 pièces dont elle fait l’acquisition entre 1808 et 1814, soit la durée de son rôle de souveraine consort.
Il se prénomme Abraham-Louis Breguet (1747-1823), elle s’appelle Caroline Murat (1782-1839), et leur relation, entre éblouissement, loyauté et déférence, les guide vers une création unique, la première montre-bracelet de l’Histoire.
Effectivement, en 1810, deux ans après s’être installée sur le territoire napolitain depuis deux ans, Caroline Murat commande à Abraham-Louis Breguet un garde-temps avec un critère principal totalement inédit: au lieu de le nicher au fond d’une poche ou d’une bourse, elle souhaite le porter au bout de son bras, près de sa main, tel un bijou que chacun pourrait apercevoir, admirer contre sa peau. L’objet est payé en 1811 puis livré en 1812, selon les archives précieusement conservées qui perdent sa trace en 1855. S’il n’existe aucun dessin technique, la description consignée permet toutefois d’en saisir l’essence: une montre à la silhouette plate et allongée, équipée d’une répétition et d’un thermomètre, à nouer au poignet grâce à un lien tressé de cheveux et fils d’or. En 2002, l’entreprise horlogère Breguet, dévoile une interprétation contemporaine, raffinée à l’extrême, de la pièce imaginée par Abraham-Louis Breguet pour Caroline Murat, une collection qui leur rend hommage et véhicule une expression unique du temps avec son allure ovale, souvent gansée de diamants et toujours rythmée par un cœur mécanique: la Reine de Naples.
